Pour celles et ceux qui l'auraient oubliée :

La Cigale et la Fourmi

La Cigale, ayant chanté
Tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle.
Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'août, foi d'animal,
Intérêt et principal.
La Fourmi n'est pas prêteuse ;
C'est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
Vous chantiez ? j'en suis fort aise :
Et bien ! dansez maintenant.

La Fourmi et la Cigale sur les plateaux d'une balance

À l'intention de nos petits-enfants

La Fourmi et la Cigale


La Cigale tout l’hiver
Grelotta sans pull-over,
Cependant que sa voisine,
Bien au chaud dans sa cuisine,
Festoyait jour après jour :
Vins, pâtés, rôtis au four ;
Tant et si bien qu’un morceau
De mouche ou de vermisseau,
Vint lui bloquer le passage
Qu’on appelle l’œsophage.
On dut porter la Fourmi,
Pâle et mourante à demi,
Ce n’était là que justice,
À l’hospice.
Or, par comble de malheur,
Dans la nuit même un voleur
S’en vint dérober chez elle
Les provisions, la vaisselle,
Le linge et le mobilier,
Tout, de la cave au grenier.

Ô sort funeste ! Infortune !
Me voici au désespoir
Sur le trottoir !
La Cigale sans rancune,
C’est sa moindre qualité,
Offrit l’hospitalité :
Soyez donc mon obligée,
Vous serez chez moi logée ;
Profitez de mon confort
Pour adoucir votre sort.
Soit ! Quoique votre demeure
À mon statut soit inférieure !
Eussiez-vous passé l’été
À quelque autre activité
Qu’à roucouler vos fadaises,
Votre piètre appartement
M'offrirait plus d’agrément...
Ne vous déplaise !
Mai 2008.