Harmonie du soir



Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !

Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.

Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige,
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.

Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige…
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !


portrait de Baudelaire

Fantaisie vespérale, baudelairienne et biterroise

Mélancolie du soir



C’est l’heure où l’œil s’attarde, après la canicule,
Au rempart noir des monts dessinés au pochoir.
Le ciel s’est écoulé comme un grand déversoir ;
Le jour s’accroche encore aux ors du crépuscule.

Au rempart noir des monts dessinés au pochoir
La tour de Saint-Nazaire s’érige en majuscule.
Le jour s’accroche encore aux ors du crépuscule
Puis s’estompe à regret, mêlant l’obscur au noir.

La tour de Saint-Nazaire s’érige en majuscule
Sur la ligne des toits que dessine le soir
Puis s’estompe à regret, mêlant l’obscur au noir
Aux confins de l’espace où l’horizon recule.

Sur la ligne des toits que dessine le soir,
Mon esprit, prends ton vol ! Élève-toi ! Bascule
Aux confins de l’espace où l’horizon recule…
Et laisse-toi porter par la nuit vers l’espoir !

Janvier 2000.