Mallarmé, Baudelaire et Heredia, comme on peut le
constater dans le Florilège ♥♥ de mes coups de cœur,
sont mes poètes préférés – chacun pour des raisons
bien différentes, évidemment. Voilà pourquoi j'ai
pris tant de plaisir à pasticher ces grands auteurs.

Il m'a été reproché diverses incohérences ou
inexactitudes qui entacheraient ce sonnet...
En poète insoucieux, je les assume de gaîté de cœur :
1) Le bombyx est un papillon, c'est-à-dire un
lépidoptère, à ce titre il ne possède pas d’élytres ;
en hiver il n’existe que sous forme de chenille ;
au printemps il ne vole pas en essaim.
2) Le vernix, substance blanchâtre qui protège la
peau du fœtus humain n’est pas une gangue mais
un film : aucun autre être vivant n’en possède et
certainement pas les insectes.
3) L’ambre est une substance amorphe, en aucun
cas un cristal.
Que dire ? Peu m'importe la vérité objective,
l'essentiel est de rêver et, comme dit Verlaine,
tout le reste n’est que littérature…

Décembre 2003.
Envol du bombyx

Pseudo-sonnet paléo-entomologique et sous-mallarméen

 


L’éternité le fige en pur éclat d’onyx,
Les élytres scellés sur le désir d’étendre
Ses ailes qui jamais ne frémiront d’attendre
La saison de l’envol vrombissant des bombyx.

Aurait-il déchiré la gangue de vernix
Entachant son thorax aux tons de palissandre
Pour renaître à soi-même, épuré de sa cendre,
Et promettre à l’azur son rêve de phénix ?

Mais l'hiver a transi sépulcral chaque membre,
Nul rayon d'or, hélas ! aux vitres de décembre
N’a ranimé l’espoir d’un ultime partir,

Encor que cet effort stérile qui le cambre
Eût aboli peut-être, inutile martyr,
L’immobile agonie au cœur du cristal d’ambre.