Je considère ce sonnet comme un exercice de style où je me suis amusé à opposer le premier quatrain au reste du poème :

les quatre premiers vers accumulent en phrases courtes, sans verbe, les tourments que charrie l'insomnie dans sa divagation ;

les dix vers suivants déroulent en une unique longue phrase le lent retour à la lucidité qui se confond avec la renaissance du jour.

Janvier 2008.
Lueurs au plafond

Petit matin


Longue nuit d’insomnie aux ciels couleur de suie…
Tourbillons de l'angoisse ! Ouragans ! Flots amers !
Appels de la raison ! Naufrages sur des mers
Sans lune ! Embruns glacés que nulle main n’essuie !

Puis au petit matin, quand la tempête enfuie
Sous l’horizon, loin de la côte et des amers,
Abandonne au reflux des regrets doux-amers
Comme de noirs espars qui luisent sous la pluie

Et que défile encore au fond des yeux éteints
Le cortège angoissant des futurs incertains,
L’esprit désemparé s’efforce à reconnaître

Aux premières lueurs frémissant au plafond
Cette aubade attendue et candide que font
Les doigts légers du jour frappant à ma fenêtre.