Les autres vers

Apparu au XIe siècle, le décasyllabe (10 pieds) a été popularisé par la chanson de Roland. Il triomphe dans tous les genres avant d'être détrôné par l'alexandrin. Il possède une césure après le quatrième pied (rythme 4//6 avec parfois un vers 6//4) ; le rythme 5//5 existe aussi, mais sans mélange : J'avais douze ans ; elle en avait bien seize.   (4//6)
Ils étaient contents, le diable m'emporte !     (5//5)

L'octosyllabe (8) existe depuis la fin du IXe siècle, c'est le premier en date de tous nos vers. Il est d'une très grande souplesse d'utilisation, car c'est le vers courant le plus long qui n'ait pas de césure obligatoire. Son rythme qui s'appuie sur deux ou trois accents mobiles est toujours facile à saisir. Il convient à tous les genres poétiques, hormis le drame ou l'épopée. Il peut être associé avec l'alexandrin : A quelques pieds sous terre un silence profond,
Et tant de bruit à la surface !

L'hexasyllabe (6) possède un ou deux accents mobiles. Comme l'octosyllabe, il se rencontre seul ou en associ-ation avec l'alexandrin : Il voyait à chaque arbre, hélas ! se dresser l'ombre
Des jours qui ne sont plus !

La poésie française privilégie les vers pairs. Les vers impairs sont beaucoup moins usités et demandent une certaine éducation de l'oreille.

L'hendécasyllabe (11 pieds, rythme 5//6) et l'ennéa-syllabe (9 pieds, rythme 3//6 ou 4//5), vers lyriques très peu usités au Moyen-Âge, s'éclipsent totalement à la Renaissance. Ils connaissent une fortune nouvelle à la fin du XIXe, avec Rimbaud et surtout Verlaine : De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

L’heptasyllabe (7) existait également au Moyen Âge (Charles d'Orléans, Christine de Pisan) ; il réapparaît avec les romantiques et Victor Hugo : Son sourire était la grâce,
Et son regard la pudeur.

Au dessous de six syllabes les vers n'ont plus d'accent du tout : on court aussitôt à la rime. Ils sont souvent entrelacés avec des vers pairs plus longs :
J'aime l'araignée et j'aime l'ortie,
Parce qu'on les hait ; (pentasyllabe, 5)
Le vent qui vient à tavers la montagne
Me rendra fou. (tétrasyllabe, 4)