Le sonnet (1/2)

Le sonnet est le prince des poèmes à forme fixe.
Baudelaire en disait : « Parce que la forme est contrai-gnante, l’idée jaillit plus intense ».

Il se compose de quatorze vers, répartis en deux quatrains suivis de deux tercets, et comporte cinq rimes. Il peut prendre d'innombrables formes selon la disposition des rimes, parmi lesquelles celle qui a prévalu est dite forme française : abba, abba, ccd, ede.
Elle définit le Sonnet régulier dont on trouvera ci- contre un parfait exemple dû à Théodore de Banville.
Le sonnet peut commencer par une rime féminine ou masculine mais l'aternance des rimes doit être res-pectée entre le second quatrain et le premir tercet ainsi qu'entre les deux tercets. Il peut être écrit en vers de toutes les mesures, l'alexandrin restant privilégié.

Le sonnet n'admet ni médiocrité ni aucune espèce de négligence (comme une rime pauvre ou la présence de deux fois le même mot). Enfin le dernier vers, appelé la chute, « doit contenir la pensée du sonnet toute entière », comme le professe Théodore de Banville*, et « surprendre le lecteur […] par la beauté, la hardiesse et le bonheur de l'expression ».

(*) "Petit traité de poésie française" (cf. ici : Ouvrages, p2.)

Hérodiade

Ses yeux sont transparents comme l’eau du Jourdain.
Elle a de lourds colliers et des pendants d’oreilles;
Elle est plus douce à voir que le raisin des treilles,
Et la rose des bois a peur de son dédain.

Elle rit et folâtre avec un air badin,
Laissant de sa jeunesse éclater les merveilles.
Sa lèvre est écarlate, et ses dents sont pareilles
Pour la blancheur aux lys orgueilleux du jardin.

Voyez-la, voyez-la venir, la jeune reine!
Un petit page noir tient sa robe qui traîne
En flots voluptueux le long du corridor.

Sur ses doigts le rubis, le saphir, l’améthyste
Font resplendir leurs feux charmants : dans un plat d’or
Elle porte le chef sanglant de Jean-Baptiste.

Théodore de Banville – Les Princesses, 1874.

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