Le rondeau (1/2)

Le rondeau
Apparu à la fin du XVe siècle, il porte alors le nom de rondeau commun ou rondeau double (il succède en effet à un éphémère rondeau simple de dix vers) ; ce nom sera changé au XIXe siècle pour celui de rondeau nouveau !
Il comporte 13 décasyllabes (ou parfois octosyllabes) sur deux rimes, formant un quintil, un tercet et un dernier quintil. La nouveauté, c'est qu'une reprise appelée « rentrement », formée par le premier mot ou le premier hémistiche du premier vers, vient compléter la 2e et la 3e strophe ; cette reprise (notée ci-après R) ne compte pas pour un vers. Le schéma du rondeau s'établit donc ainsi : aabba, aab+R, aabba+R.

L'originalité du rentrement tient en grande partie aux variations de sens que le poète peut lui attribuer, créant un effet de surprise qui confère au rondeau un caractère ludique très marqué. Car le rondeau est avant tout un divertissement lié à une pratique sociale (concours de poésie, salons littéraires...).
Le meilleur exemple de ce réjouissant effet de surprise se trouve, à mon avis, dans le Rondeau de François Stardin (voir le texte ici).
On doit à Voiture le rondeau ci-contre, qui en donne les règles dans une plaisante démonstration :

Rondeau

Ma foi, c'est fait de moi, car Isabeau
M'a conjuré de lui faire un rondeau.
Cela me met en une peine extrême.
Quoi ! treize vers, huit en eau, cinq en ême
Je lui ferais aussi tôt un bateau.

En voilà cinq pourtant en un monceau.
Faisons-en huit en invoquant Brodeau,
Et puis mettons, par quelque stratagème :
Ma foi, c'est fait,

Si je pouvais encor de mon cerveau
Tirer cinq vers, l'ouvrage serait beau ;
Mais cependant je suis dedans l'onzième,
Et ci je crois que je fais le douzième ;
En voilà treize ajustés au niveau.
Ma foi, c'est fait.

Vincent Voiture (1597-1648),
Poésies de M. de Voiture (posthume, 1650)

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