Louisa Siefert (1845-1877)
Pantoum
Vraiment j'ai vingt ans révolus,
Ma première enfance est enfuie.
— Hélas ! les beaux jours ne sont plus,
C'est l'automne, voici la pluie.
Ma première enfance est enfuie,
Mes premiers muguets sont passés.
— C'est l'automne, voici la pluie,
Les nuages sont amassés.
Mes premiers muguets sont passés,
Mon aubépine est effeuillée.
— Les nuages sont amassés,
La prairie est toute mouillée.
Mon aubépine est effeuillée,
Et j'ai pleuré sur ses débris.
— La prairie est toute mouillée,
Plus de soleil, le ciel est gris.
Et j'ai pleuré sur ses débris.
Pourtant, ce n'était rien encore.
— Plus de soleil, le ciel est gris,
Le bois de rouge se colore.
Pourtant ce n'était rien encore,
D'autres fleurs s'ouvraient sous mes pas.
— Le bois de rouge se colore
Mais le beau temps ne revient pas.
D'autres fleurs s'ouvraient sous mes pas
J'ai teint de mon sang leurs épines.
— Mais le beau temps ne revient pas,
La sève descend aux racines.
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