François Stardin (16??-?)
Rondeau
À la fontaine où l'on puise cette eau
Qui fait rimer et Racine et Boileau,
Je ne bois point ou je ne bois guère ;
Sans un besoin, si j'en avais affaire,
J’en boirais moins que ne fait un moineau.
Je tirerai pourtant de mon cerveau
Plus aisément, s'il le faut, un rondeau
Que je n'avale un plein verre d'eau claire
À la fontaine.
De ces rondeaux un livre tout nouveau
À bien des gens n'a pas eu l'heur de plaire ;
Mais, quant à moi, j'en trouve tout fort beau :
Papier, dorure, images, caractère,
Hormis les vers, qu'il fallait laisser faire
À La Fontaine.
Charles-François Panard (1694-1765)
La bouteille
Que mon
Flacon
Me semble bon.
Sans lui
L'ennui
Me nuit,
Me suit ;
Je sens
Mes sens
Mourants,
Pesants.
Quand je le tiens
Dieu ! que je suis bien !
Que son aspect est agréable !
Que je fais cas de ses divers présents !
C'est de son sein fécond, c'est de ses heureux flancs
Que coule ce nectar si doux, si délectable,
Qui rend dans les esprits, tous les cœurs satisfaits,
Cher objet de mes vœux, tu fais toute ma gloire :
Tant que mon cœur vivra de tes charmants bienfaits
Il saura conserver la fidèle mémoire.
Ma muse à te louer se consacre à jamais.
Tantôt dans un caveau, tantôt sous ma treille,
Ma lyre, de ma voix accompagnant le son,
Répétera cent fois cette aimable chanson :
Règne sans fin ma charmante bouteille,
Règne sans cesse, ô mon joli flacon !