En ce temps-là – les dernières années du XXe siècle –
on pouvait faire le tour du Grand Canal et revenir en
traversant les jardins du Grand Trianon.
Ce n'est plus le cas maintenant, les grilles sont fermées.
Il semble bien que, là aussi, la liberté se restreigne…
L’hiver, quand nous allions le dimanche à Versailles,
Nous suivions un parcours immuable et banal.
Effaçant quinze jours d’exil régional,
Ces froids après-midi chantaient nos retrouvailles.
Nous quittions la terrasse et ses hautes murailles
Pour marcher côte à côte au bord du Grand Canal.
Je nous revois tous deux sous le ciel hivernal
Comme sur des photos d’anciennes fiançailles.
Au retour nous passions devant le Trianon.
On eût dit que le soir, au son du tympanon,
Faisait vibrer le marbre éclaboussé de roses.
Nous devisions alors, en allant d’un pas vif,
Sur l’espoir, les regrets, la vanité des choses…
Puis on rentrait chez toi prendre l’apéritif.