Daniel Gros-Circan Poème classique

Deux tasses de café

Dans la poudre du jour qui vient par la fenêtre,
Qui donc es-tu ma mie, assise auprès de moi ?
Le matin s'est levé, je contemple ton être
Et nous buvons, heureux, le silence en émoi.

Deux tasses de café sur un coin de la table
Ravivent comme un feu nos rêves de la nuit.
La trame de nos corps est-elle véritable,
Ou chaque jour n'est-il qu'un rêve reconduit ?

Qui sommes-nous, flottant sur nos chaises de paille
En ce brouillard confus qui sent bon le café ?
Un seul être pour deux ; son âme qui ripaille
Aspire à petits traits l'espace dégrafé.

Si la vie est un songe, alors pourquoi ma mie
Aurons-nous tout-à-l'heure oublié jusqu'au soir
Cette vérité-là ? Vraiment, quelle infamie !
Deux tasses de café pleurent sur l'égouttoir.

Concours Flammes Vives de la poésie 2017,
sur le thème de la tendresse – Flamme d'argent.


Marie-Christine Guidon Sonnet néoclassique

Vague à l'âme

Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage !
J'ai voulu fuir cent fois l'antre de Lucifer
Où j'ai brûlé mes ailes, pour un lointain rivage,
En quête d'aventures, loin des feux de l'enfer.

Alors, frappé d'exil, j'entrepris le voyage,
Poète solitaire, fier albatros en mer
Mais dans la course folle, mon cœur a fait naufrage,
Englouti et souillé, emprunt d'un goût amer.

Grisé par les parfums des fleurs empoisonnées,
J'ai flétri tout l'espoir de mes belles années,
Éperdu, déchiré dans le soleil couchant.

Je rends grâce à la nuit et au tonnerre qui gronde
Quand mes derniers soupirs s'en vont s'effilochant,
Attendant qu'un éclair vienne briser la ronde !

Concours Flammes Vives de la poésie 2015,
Section néoclassique – Flamme d'argent.