Andrée Pons-Jacquet Poème néoclassique

Poème écrit d'après le tableau "Le sommeil" de Gustave Courbet.

Le sommeil

Sur un lit dévêtu de satin bouillonnant
Deux corps entremêlés au sortir d'une fête,
La rousse vers la brune à demi se tournant,
Ont fait don à Morphée de leurs formes replètes.

La pose est alanguie, la lourdeur des paupières
Et les bras étendus témoignent du repos
Succédant aux ébats d'amantes coutumières
Des plaisirs souverains tant chantés par Sapho.

La grande aux cheveux noirs a renversé la tête.
La rousse appuie sa joue sur un sein, doucement.
Ces modèles parfaits pour un tableau d'esthète
S'offrent à nos regards dans leur dépouillement.

Rondeurs épanouies, fins poignets et chevilles,
Quelques bijoux épars sur fond de liliacée,
Parfum de liberté auréolant ces filles
Et discrète impudeur habilement tracée.

Grincheux, de Cupidon ne détournez les flèches.
Pour ma part je ne vois que jeunesse ravie,
Délaissez vos tabous et vos mines revêches,
Rare est la tolérance et trop courte la vie !

Oniris - Poésie néo-classique, 05/03/2019.

Castelmore Poème néoclassique

Fureurs

Oh ! dites-moi, qu’est elle devenue ?
Dort-elle encor dans la paix des tombeaux,
Ou compagne des vents et de l’errante nue,
Voit-elle un autre ciel et des astres plus beaux ?
Henri de Latouche

Tu as volé nos vies, t'élançant vers le ciel,
Brisant la chaîne enfin d'un monde où tu saignais,
Dans un rêve d'édens de roses et de miel.

Et mon cœur se dessèche, à la tombe, à jamais.

Dans cette glaise froide où j'ai posé ton corps,
Je rampe, je me tords, je creuse vers le fond.
Je veux creuser encore, inventer des trésors,
Pour t'acheter à Dieu, son ange ou son démon.

Mais tu sais maintenant, le Paradis est vide,
Dieu n'a plus rien à vendre ou même à pardonner,
Seuls quelques affligés dans un temple splendide
Implorent de la mort un jour ressusciter.

Voilà, tu es partie éclairer les étoiles,
Leur offrir ton sourire, aux vents des galaxies,
Les enivrer de joie et cacher sous des voiles
Tous ces méchants trous noirs qui dissipaient tes vies.

Et si Dieu existait, m'entendait, qu'il me croie,
Je jetterais mon âme aux flammes en fureur
Pour que de cet enfer un instant je te voie

Dans les bras d'un Archange irradier de bonheur !

Oniris - Poésie contemporaine, 16/03/2020.

Courbet Gustave - Le Sommeil (ou Les Deux Amies ou Les Dormeuses), 1866

Gustave Courbet - Le Sommeil (ou Les Deux Amies, ou Les Dormeuses), 1866.