Curwwod Sonnet estrambot néoclassique

Et après, que restera-t-il ?

Comme des ronds dans l’eau…

Ce n'est qu'un rond dans l'eau, presque rien, juste une onde
Qui s'ouvre et s'élargit, pour s'effacer bientôt,
Puis, né sous le baiser de la pierre féconde,
Se propage et se perd au sillon des bateaux.

Ainsi passent nos jours, comme la feuille blonde
Livrée au vent d'autan par la dent du râteau,
Qui ne laisseront rien à l'ultime seconde :
À peine un nom jeté au dos d'une photo.

Contre l'oubli glaçant il n'est point de pelisse.
Nul n'y songe vraiment lorsque la chair est lisse
Et que les ans se rient des reflets du miroir.

Mais tant que tu souris à la beauté du monde,
Pour que s'apaise enfin mon âme vagabonde
Redis mon nom, parfois, lorsque revient le soir.

Lors discret souvenir, blotti sur ton épaule
Je me ferai léger, un souffle qui te frôle,
Chuchotant ma chanson de tendresse et d'espoir...

Oniris - Poésie néo-classique, 22/10/2019.

Myo Poème classique

La forêt qui m'entoure est un océan où mes pensées naviguent.

Les embruns de poussières

Ils ouvrent grand, au vent, la voile de leurs branches
Et rêvent d'horizon, vieux vaisseaux oubliés
Sur une mer de mousse où les voilà liés
À la terre d'un lieu par des racines blanches.

Témoins silencieux du voyage du temps,
Leur écorce connaît les embruns de poussières
Venus rider leur peau de griffures grossières
Et durcir, à jamais, leur bois de combattants.

Amarrés à ce port de verdure fertile,
Gorgés de ces regrets d'impossible départ,
Ils se disent tout bas ce dont l'écho fait part,
Dénigrant leur destin de géant immobile.

Quand je pose ma main sur leur tronc buriné,
J'entends l'appel du large et l'amertume intime
D'être pareillement, caravelle anonyme,
La cale vide, sèche et le cœur confiné.

Mais si quelques rayons, la chaleur d'une trêve,
Se posent sur mon front dans un souffle plus doux,
Quand la cime du charme étreint l'érable roux,
Je sens battre la vie en des larmes de sève.

Oniris - Poésie classique, 15/03/2021.