Anonyme (Cabinet satyrique, éditions 1618 et 1697)




 




Péripatétisant en pantelante extase,
J’endrofiais les corps Démocriticieux,
Quand le grand Chéaré Eurimède des cieux
M’anathématisa d’une antipéristase.

J’omiatéleptai qu’au terr’orgueil Caucase
Le Coelivole feu paissait prodigieux,
L’oiseau cardiofage, alors présagieux,
J’entithèse mes sens d’une écliptique phrase.

Ma Daphnifage voix en oraclifiant
Fatidique, et ma main phoebumusifiant
Frontispicèrent l’art de ma philanthrope âme.

Si qu’en catastrophant l’ancicliosité,
Avec l’antipathie et l’hermaphrodité
J’endrogine mon front d’un double épitalame.





Claude Le Petit (1638-1662)




Le poète crotté




Quand vous verrez un homme, avecque gravité,
En chapeau de clabaud promener sa savate
Et, le col étranglé d'une sale cravate,
Marcher arrogamment dessus la chrétienté,

Barbu comme un sauvage et jusqu'aux reins crotté,
D'un haut-de-chausse noir sans ceinture et sans patte
Et de quelques lambeaux d'une vieille buratte
En tous temps constamment couvrir sa nudité,

Envisager chacun d'un oeil hagard et louche
Et, mâchant dans les dents quelque terme farouche,
Se ronger jusqu'au sang la corne de ses doigts,

Quand, dis-je, avec ces traits vous trouverez un homme,
Dites assurément : « c'est un poète françois ! »
Si quelqu'un vous dément, je l'irai dire à Rome.


Cet anonyme du "Cabinet satyrique" fut largement devancé par un poète charentais dont on ne connaît que le nom, Gabriel Robert, grâce à un ouvrage paru en 1614, "Le Violier des Muses". Il contient cet ébouriffant sonnet :


Apollinifié je tripotanisais
Apocryphiquement et d'amphibologie ;
Puis Léthéifiant l'antigraphologie,
Tout enthousiasmé j'apophtegmatisais.

Quintessencifié je trans-montanisais,
Néoptolémisé en l'aigre astrologie :
Etrange paradoxe enflé de léthargie,
Grammatophilacé je philosogisais.

Plein de telle fureur, jeune philosophastre,
Tout phantasmatisé je me voulus ébattre
Comme un pharmacopole à mirer ses vaisseaux :

Mais l'infante du ciel qui brusque me domine,
Engeance de Jupin, honneur de Mnémosyne,
Englue à tripotin les débiles cerceaux.