Ondine Valmore (1821-1853)




Adieu à l'enfance




Adieu mes jours enfants, paradis éphémère !
Fleur que brûle déjà le regard du soleil,
Source dormeuse où rit une douce chimère,
Adieu ! L'aurore fuit. C'est l'instant du réveil !

J'ai cherché vainement à retenir tes ailes
Sur mon coeur qui battait, disant : " Voici le jour ! "
J'ai cherché vainement parmi mes jeux fidèles
A prolonger mon sort dans ton calme séjour ;

L'heure est sonnée, adieu mon printemps, fleur sauvage ;
Demain tant de bonheur sera le souvenir.
Adieu ! Voici l'été ; je redoute l'orage ;
Midi porte l'éclair, et midi va venir.





Puisque Dieu l'a permis, puisque tout se dérobe,
Puisqu'un soupir toujours achève une chanson,
Puisque l'amitié même a déchiré sa robe
Au buisson,

Puisque tout doit finir ici-bas, l'allégresse,
La beauté, la constance et la joie, et l'amour,
Puisque ton cœur éteint sa fidèle tendresse
En un jour,

Puisqu'en vain j'appuyais mon âme sur ton âme,
Qu'aujourd'hui s'en ira, faisant place à demain,
Que tu vas étouffer une si pure flamme
Dans ta main,

Que m'importent les jours, les veilles, les orages !
Que m'importe l'espoir qui ne me trompe pas !
Que m'importe l'absence attachant ses nuages
Sur mes pas !

J'ai pleuré, j'ai souffert, je ne crains plus la vie ;
À ma pente inclinée en rêvant je la suis ;
Je ne lutterai pas, regretteuse asservie
Que je suis.