Clément Marot (1497-1544)

Plus ne suis ce que j’ay esté,
Et ne le sçaurois jamais estre.
Mon beau printemps, et mon esté,
Ont faict le sault par la fenestre.

Amour, tu as esté mon maistre,
Je t’ay servy sur tous les dieux.
O, si je povois deux fois naistre,
Comment je te serviroys mieulx !







Les oeuvres de Clément Marot de Cahors, Chez Etienne Dolet, Lyon, 1538

Mellin de Saint-Gelais (1487-1558)




Sonnet




Il n’est point tant de barques à Venize,
D’huistres à Bourg, de lievres en Champaigne,
D'ours en Savoye, et de veaux en Bretaigne,
De cygnes blancs le long de la Tamise ;

Ne tant d’Amours se traictent en l’eglise,
De differents aux peuples d’Allemaigne,
Ne tant de gloire à un seigneur d’Espagne,
Ne tant se trouve à la Cour de feintise ;

Ne tant y a de monstres en Afrique,
D'opinions en une republique,
Ne de pardons à Romme aux jours de feste,

Ne d'avarice aux hommes de pratique,
Ne d'argumens en une Sorbonique,
Que m'amie a de lunes en la teste.