Souvenir d'un voyage au Botswana, en particulier
d'une soirée de bivouac à Baines Camp :
C’était l’heure magique où la plaine de sel
Se pare des couleurs qui embrasent le ciel...
Le repas terminé sous l’arbre centenaire,
Après avoir vidé notre cubiténaire
Nous fixions le foyer, assis sur nos pliants ;
Et quand Shylock jetait sur le feu rougeoyant
Du bois de mopané, des gerbes d’étincelles
S’envolaient vers les cieux, au bruit de la vaisselle.
[…] Et Patrick sirotait, impérial et serein,
Un fond de Jack Daniels en regardant au loin
S’estomper dans la nuit les ombres fantastiques
Des baobabs anciens sur la plaine mystique.
Novembre 2006.
Souvent un baobab, fier et disgracieux,
Près du village étend son ombre salutaire.
On se rassemble au soir sous l’Aïeul solitaire,
Enfants insouciants, vieillards silencieux.
Le griot conte alors qu’un Dieu malicieux,
Fatigué d’écouter sa voix contestataire,
L’a jadis replanté pour l’astreindre à se taire
La tête dans le sol, les racines aux cieux.
Sa stature appartient à l’Afrique éternelle.
Elle monte la garde, ultime sentinelle
Aux marches d’un passé fabuleux qui s’éteint.
Et dans le soir tendu de pourpres fantastiques
Sa ramure frémit d’un murmure indistinct
Quand monte à l’horizon le chœur des voix mystiques.