Patrice Alzina Poème néoclassique
Beautés fugaces
Mais où vont les lueurs des aurores passées,
Après s'être fondues dans le soleil levant ?
Elles ne s'éteignent pas…
Elles volent, transportées par de fines nuées,
Ornant aux antipodes les espoirs d'autres gens.
Mais où vont les échos des rires des enfants
Quand ils ont éclaté comme feux d'artifice ?
Ils ne se taisent pas…
Ils chevauchent, harnachés aux crinières des vents,
Pour égayer les âmes blessées par maléfices.
Mais où vont les parfums des femmes rencontrées
Quand elles ont disparu au détour du chemin ?
Ils ne périssent pas…
Ils persistent longtemps, aux mémoires imprégnés
Pour embaumer les souvenirs et les destins.
La beauté est cette fugace voyageuse
Qui s'en vient, qui s'en va, dans les airs et le temps,
Mais qui ne meurt jamais…
Dans sa fuite elle sait se rendre pourvoyeuse
Aux cœurs nécessiteux d'élixirs enivrants.
Maryse Amoursky Sonnet néoclassique
Enfance
L'odeur du pain grillé monte dans la cuisine
C'est dimanche matin et l'on peut s'attarder
L'œil mi-clos on repousse cette heure où hasarder
Les pieds sur le carreau. Déjà chez la voisine
Ça sent le pot-au-feu et la tarte amandine…
La voix du père gronde, fini de flemmarder
Vêtus en un éclair sans même regarder
On court dans le jardin en mordant sa tartine.
On grimpe pour cueillir les premières cerises
En déchirant parfois pantalons et chemises
Dévidant à l'envi nos rêves d'avenir
On n'attend de la vie que de bonnes surprises
Enchaînant sans répit rires, jeux et bêtises !
Ô ma lointaine enfance, délicieux souvenir…