Gabriel Kopp Rondel néoclassique
Fin décembre
Le glas paraît sonner sous les ramures d'or.
De plus en plus obscur, l'horizon enneigé
Ruine l'ocre du jour et défait sa clarté.
L'eau et le gel nous font un pas peureux et tors.
Glissant, l'air agité ! Mais glissent plus encor
Les doigts froidis et gourds malgré le cuir ganté.
Le glas paraît sonner sous les ramures d'or.
De plus en plus obscur, l'horizon enneigé,
Aux noces du grésil, de la bise qui mord,
Chante marche glaciale aux gens emmitouflés.
La gouache de l'hiver peint l'automne oublié,
Inhumant sous le blanc le ruisseau qui s'endort :
Le glas paraît sonner sous les ramures d'or.
De plus en plus obscur, l'horizon enneigé.
Pierre Le Boulaire Sonnet néoclassique
La dérive des incontinents
Quel bonheur ignoré vit l'insouciant jeune homme
Qui ne voit son docteur que pour un coryza
Ou la vaccination manquant à son visa,
Et peut croquer sans peur l'appétissante pomme !
Pas d'affres pour troubler le calme de son somme,
Que craindrait-il ? Le sort ? L'arme d'un yakuza ?
Il ignore l'état de ceux qu'on avisa
Que leur livre de vie devait changer de tome.
Un affreux souvenir hante ces misérables :
Le thérapeute inquiet, évaluant ce qu'il tâte,
Annonçant : « Il est temps d'opérer la prostate ! »
Des gestes quotidiens les voilà incapables.
Désertant l'urinoir entouré par les mouches,
Ils s'évertuent en vain à ajuster leurs couches.