Ithaque Terza rima néoclassique
Libres divagations à partir du tableau « La classe de danse »Ingoa
« Musique, s’il vous plaît ! En place !... talon... pointe,
Arabesque, groupez, déé-plo-yez, très gracieux !...
Et deux... et Entrechat... Fondu, les jambes jointes... »
***
Hilaire Edgar Degas, pas de loup, silencieux,
Chevalet sous le bras, traverse les coulisses,
Salue Jules Perrot – brigadier* judicieux ! –
Le maître de ballet, conduisant au supplice
Ces frêles corps fourbus d’étirements, brisés.
Les ballerines rient, exhibant le calice
De leurs gorges en feu. Le peintre, médusé
Par les gestes parfaits, croque leurs attitudes,
Les fixe sur la toile, et, rictus amusé,
Se gausse de les voir, ô espiègle habitude,
Bavardes, délurées, promptes à détaler
Au Bar de l’Opéra chercher la gratitude
Dans des calissons doux, avant de s’affaler
Sur des sofas en cuir en rêvant à la gloire...
***
Edgar hésite un peu, puis revient effiler
Le galbe en peau de soie de ce mollet ivoire,
Saisi dans un Sissonne* ou l’orbe d’un cerceau
De la belle Ingoa, créole aux yeux de moire,
Qu’il garde prisonnière aux poils de son pinceau.
Oniris - Poésie néo-classique, 14/06/2019.
Edgar Degas (1834-1917), La classe de danse, 1874.