Christian Collin Poème classique
Un petit village meusien cher à mon cœur, celui de mes vacancesIl pleut sur mon passé
II pleut sur la campagne, où donc est la bergère ?
Je ne vois plus son chien, ni ses moutons bêlants,
Elle a quitté son pré pour devenir lingère,
Chez le préfet de Bar, bien loin de ses galants.
II pleut sur le dimanche, où sont les demoiselles ?
Je cherche le soleil qui brillait dans leurs yeux,
Elles ont déserté les cours et les ruelles,
Qui le soir résonnaient de leurs rires joyeux.
II pleut sur le jardin, rouille la balancelle,
Les enfants sont partis vers d'autres horizons,
L'âme d'un amoureux rôde sous la tonnelle,
Pleurant le temps perdu de ses belles saisons.
II pleut sur la forêt, sur tout le territoire,
Que devient loin de tout le modeste ruisseau ?
Le gué de la fontaine où l'oncle faisait boire
Les vaches et les veaux de son petit troupeau.
II pleut sur le verger, tombe la mirabelle,
La pomme se morfond, le ver est dans le fruit,
Dans le vieux cabanon où se languit l'échelle,
Les gouttes sur le toit font un funeste bruit.
II pleut sur les maisons, sur le toit de l'église,
Où les cloches d'airain ne sonnent que le glas,
Le village oublié tout doucement s'enlise,
Au creux de son vallon, attendant le trépas.
II pleut sur mon passé, dans mon livre d'histoire,
S'effacent doucement de tendres souvenirs,
Le vent chasse les jours d'un présent illusoire,
Sans me donner la clé des proches avenirs.
Oniris - Poésie classique, 14/06/2016.