Annick Poème néoclassique
Dans un livre d’images
« Les inséparables »
Jai ouvert un vieux livre enluminé d'images :
Un parfum de bleuets s'est exhalé des pages.
Il me parvient déjà comme un frissonnement,
Un rêve qu'on effleure et un doux froissement.
Un cri sous la ramille, une empreinte effacée,
C'est le bois qui frémit de toute sa nichée :
Le chevreuil, le furet, la grive et le lapin
Osent un front craintif dans le petit matin.
Le papillon rêveur au paisible froufrou
Dépose une caresse, un baiser d'amadou
Sur la blanche jonquille et la blonde immortelle.
Dans un rai de soleil s'envole une hirondelle.
Une frêle clochette égrène au gré du vent
Son carillon léger, fragile, diligent.
On entend gazouiller, par-dessus la colline,
Quelques moineaux frileux que la brise câline.
Comme un hère dansant au son de son pipeau,
Le merle messager apporte un fin rameau.
Sous l'ombrage d'un pin, joliment, il babille
Avant de laisser choir, de son bec, la brindille.
Il chante avec ardeur les élans ineffables
Des couples d'amoureux, de ces inséparables :
Si l'un des deux s'éteint, l'autre se meurt aussi.
À quoi bon résister lorsque l'être est meurtri ?
Un chœur de passereaux entonne la complainte,
Au plus profond des bois, on perçoit une plainte
Qui grandit dans les airs et se perd dans les eaux :
Ecoutez ce soupir, c'est l'âme des Oiseaux !
Jai refermé le livre aux tendres paysages
Me rappelant ta voix gravée sur les nuages.
Il me reste mon cœur, ce vivant médaillon
Où j'ai emprisonné ton amour papillon.
Oniris - Poésie contemporaine, 10/03/2021.