La ballade

La forme poétique de la ballade, issue d'une chanson "ballatée" (c-à-d dansée), se fixe à la fin du XIV° siècle et fait florès au siècle suivant. Elle est condamnée par la Pléiade au milieu du XVIe siècle, mais est encore pratiquée au XVII siècle ; ensuite elle disparaît presque complètement, pour être ressucitée au XIX° siècle par Théodore de Banville et les Parnassiens.

La ballade régulière comprend trois strophes carrées (le nombre de vers est égal au nombre de syllabes des vers) composées sur les mêmes rimes et d'un envoi qui reproduit la disposition de la seconde moitié des strophes. Les trois strophes et l'envoi se terminent par le même vers qui sert de refrain ; l'envoi commence par le mot Prince ou un terme équivalent.
Elle prend deux formes selon que la strophe est un huitain d'octosyllabes sur trois rimes ou un dizain de décasyllabes sur quatre rimes.
Huitain sur 3 rimes :     ababbcbC [3 fois], bcbC
Dizain sur 4 rimes :   ababbccdcD [3 fois], ccdcD

Pour illustrer mon propos, j'ai préféré à l'archi-connue Ballade des des dames du temps jadis, (qu'on trouvera d'ailleurs ici) une ballade également très célèbre, mais qu'on a plus souvent l'occasion de regarder que de lire : la ballade du duel dans Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand (Acte I, scène 4) :

Ballade du duel qu'en l'hôtel bourguignon
Monsieur de Bergerac eut avec un bélître


Je jette avec grâce mon feutre,
Je fais lentement l'abandon
Du grand manteau qui me calfeutre,
Et je tire mon espadon ;
Elégant comme Céladon,
Agile comme Scaramouche,
Je vous préviens, cher Mirmydon,
Qu'à la fin de l'envoi, je touche !

Vous auriez bien dû rester neutre ;
Où vais-je vous larder, dindon ?…
Dans le flanc, sous votre maheutre ?…
Au cœur, sous votre bleu cordon ?…
— Les coquilles tintent, ding-don !
Ma pointe voltige : une mouche !
Décidément… c'est au bedon,
Qu'à la fin de l'envoi, je touche.

Il me manque une rime en eutre…
Vous rompez, plus blanc qu'amidon ?
C'est pour me fournir le mot pleutre !
— Tac ! je pare la pointe dont
Vous espériez me faire don : —
J'ouvre la ligne, — je la bouche…
Tiens bien ta broche, Laridon !
A la fin de l'envoi, je touche

Envoi

Prince, demande à Dieu pardon !
Je quarte du pied, j'escarmouche,
Je coupe, je feinte… Hé ! là donc
À la fin de l'envoi, je touche.