Typologie des strophes (1/3)
Le quatrain
Le quatrain ne connaît que deux combinaisons de rimes, les rimes croisées (abab) et les rimes embras-sées (abba) ; en voici deux exemples (quatrains iso-métriques en alexandrins) :
Ainsi parlait Booz dans le rêve et l’extase,
Tournant vers Dieu ses yeux par le sommeil noyés ;
Le cèdre ne sent pas une rose à sa base,
Et lui ne sentait pas une femme à ses pieds.
Pendant qu’il sommeillait, Ruth, une moabite,
S’était couchée aux pieds de Booz, le sein nu,
Espérant on ne sait quel rayon inconnu,
Quand viendrait du réveil la lumière subite.
Dans le quatrain hétérométrique, la combinison la plus courante est une alternance de vers longs et de vers courts ; les rimes sont généralement croisées :
La pauvre fleur disait au papillon céleste
— Ne fuis pas !
Vois comme nos destins sont différents. Je reste,
Tu t’en vas !
On trouve aussi un vers court suivant trois vers longs :
Qu'il y reste à jamais ! qu'à jamais il y dorme !
Que ce vil souvenir soit à jamais détruit !
Qu'il se dissolve là ! qu'il y devienne informe.
Et pareil à la nuit !
Il existe de nombreuses autres combinaisons, mais les meilleures sont celles de l'alexandrin avec l'octosyllabe ou l'hexasyllabe, qui sont dans un rapport simple.
Le quintil
La strophe de cinq vers a nécessairement trois rimes appareillées. Elles forment généralement un distique et un tercet selon les schémas : ab,aab et aab,ab ; on trouve quelquefois abbab et très rarement abbba.
Le quintil est généralement isométrique mais s'acco-mode également très bien d'un dernier vers plus court :
Hélas ! que j'en ai vu mourir de jeunes filles !
C'est le destin. Il faut une proie au trépas.
Il faut que l'herbe tombe au tranchant des faucilles ;
Il faut que dans le bal les folâtres quadrilles
Foulent des roses sous leurs pas.
Le sixain
Il est presque toujours divisé en deux tercets liés par leur dernière rime (aab,ccb). Il peut être isométrique :
Chastes buveuses de rosée,
Qui, pareilles à l’épousée,
Visitez le lys du coteau,
Ô sœurs des corolles vermeilles,
Filles de la lumière, abeilles,
Envolez-vous de ce manteau !
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