La villanelle
La vilanelle, née à Naples à la fin du xve siècle, était à l'origine un poème chanté sur des sujets idylliques ou champêtres ; elle se répandit rapidement dans toute l'Europe grâce à la musique qui l'accompagnait.
Introduite en France par Du Bellay, elle ne possédait pas, à cette époque, de forme fixe.
C'était généralement un poème assez court, formé le plus souvent de quatre stophes isométriques de six ou huit vers légers et comportant un refrain d'un ou deux vers. Aucune règle ne fixeait la disposition de ses rimes.
Ce n'est qu'au XIXe siècle que la villanelle est devenue un poème à forme fixe, sur le modèle de la jolie pièce de Passerat reproduite ci-contre.
Elle est composée d'un nombre impair de tercets suivis d'un quatrain. Le premier et le dernier vers du premier tercet, qui riment ensemble, sont repris alternati-vement comme dernier vers des tercets suivants, puis ensemble pour terminer le quatrain final. Les seconds vers rimant ensemble, la vilanelle ne comporte que deux rimes. Son schéma d'ensemble est le suivant :
A1bA2 , abA1 , abA2 , abA1 , abA2 , ..., abA1A2
Les poètes du XIXe siècle ont marqué une préférence pour l'heptasyllabe et des rimes féminines dominantes.
La tourterelle envolée
J’ay perdu ma tourterelle.
Est-ce point elle que j’oy ?
Je veux aller après elle.
Tu regrettes ta femelle ;
Hélas aussy fay-je moy :
J’ay perdu ma tourterelle.
Si ton amour est fidèle,
Aussy est ferme ma foy ;
Je veux aller après elle.
Ta plainte se renouvelle ;
Toujours plaindre je me doy :
J’ay perdu ma tourterelle.
En ne voyant plus la belle,
Plus rien de beau je ne voy :
Je veux aller après elle.
Mort, que tant de fois j’appelle,
Prends ce qui se donne à toy :
J’ay perdu ma tourterelle.
Je veux aller après elle.
Jean Passerat (1534-1602)