Le genre et la marque du pluriel

REMARQUE PRÉALABLE :
Le genre et la marque du pluriel des rimes n'ont rien à voir avec le genre grammatical et le pluriel des mots.

Le genre
Une rime est dite féminine quand elle se termine par un e muet, suivi ou non de la marque du pluriel s : Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,
Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Elle est dite masculine dans tous les autres cas : Et, quand le soir vient avec la douleur,
Que de printemps passés avec leurs fleurs !
RÈGLE 1 :
En poésie classique deux rimes de genre différent ne riment pas ensemble :
heure ne rime pas avec bonheur ni jadis avec préjudice

RÈGLE 2 :
Il n'est pas permis de faire rimer un mot à consonne muette finale avec un mot qui n'en a pas ; par ex : conduit avec aujourd'hui / autant avec antan. NB : quoiqu'en principe cette règle soit toujours valide, nombre de poètes s'en sont dispensés depuis la fin du XIX^e siècle.

La marque du pluriel
Les mots qui portent la marque du pluriel sont ceux qui se terminent par s, x, z, qu'ils soient grammati-calement au singulier ou au pluriel.
Ainsi un marais porte la marque du pluriel au même titre que je parais ou des minerais.

RÈGLE :
Une rime qui possède la marque du pluriel ne rime pas avec une rime qui ne la possède pas :
amour ne rime pas avec toujours ni j'écris avec esprit.
Cette règle vaut pour tous les types de terminaisons : féminines (murmures), masculines muettes (chenets) ou masculines sonores (nets).


Cas particulier
Les 3èmes personnes du pluriel des verbes (qui se terminent par ent) ne peuvent rimer qu'entre elles : on considère généralement qu'elles portent la marque du pluriel (bien que ce soit sans intérêt) ; le seul problème qui se pose est celui du genre de leur rime, en relation avec la règle de l'alternance des rimes masculines/féminines (cf. ci-dessous La succession [des rimes] /Rimes plates ou suivies).

RÈGLE :
Les rimes des verbes en ent sont toutes féminines, à l'exception des rimes en aient, qui sont masculines.
Exemples tirés des Contemplations (Ed. Nelson, 1911) :
    fém. (oient) :    À Villequier, page 256, 1er quatrain ;
    fém. (eurent) :  À Villequier, page 256, 5ème quatrain ;
    masc. (aient) :  Sous les arbres, page 104, 1er quatrain.