L'hiatus
Lorsqu'un mot commençant par une voyelle suit un mot se terminant par une voyelle autre que e (qui, elle, s'élide), on dit qu'il y a hiatus :
il va à Paris ; un taureau enchaîné
La règle
La règle classique est que l'hiatus, permis dans le corps des mots, est interdit entre les mots.
Si l'on s'en tient à cette stricte définition, on devra considérer qu'il n'y a jamais hiatus quand la dernière syllabe du premier mot se termine par une consonne (ou plusieurs). Cette position se justifie effectivement si cette consonne fait liaison avec le mot suivant :
il se rend_à Paris ; Bien_à vous
Mais il arrive souvent que cette consonne écrite ne soit pas prononcée :
un chien/enchaîné ; un champ/abandonné
Dans ce cas il y a un "hiatus de fait", pourtant toléré dans la poésie classique.
Les poètes contemporains qui écrivent en poésie classique évitent en général cet hiatus de fait.
En revanche ils s'autorisent des hiatus acceptables par l'oreille – mais que la règle classique n'admet pas – dans des expressions comme : "il y a" ou dans des locutions comme : "peu à peu, çà et là, baba au rhum".
Les exceptions
De tous temps on a considéré qu'il n'y avait pas hiatus :
1) Lorsqu'il y a élision :
C'est le destin. Il faut une proi(e) au trépas :
(cf. L'élision : finale faible des mots dans le vers).
2) Devant l'h aspirée, par définition, sous peine de bannir tous les mots commençant par une h aspirée :
Mis l'esprit, pauvre diable, et le mot, pauvre hère ;
Nota : les mots d'origine étrangère commençant par un y sont traités comme s'ils avaient une h aspirée (yacht, yack, yole, yucca, etc.)
3) Après les interjections ah ! eh ! oh ! :
Oh oui ! la terre est belle et le ciel est superbe ;
4) Devant oui, quand il n'y a pas élision :
. . . . . . . . Ah ! ce oui se peut-il supporter ?
Nota : il peut y avoir élision devant oui ; exemple :
Notre soeur est foll(e), oui. – Cela croit tous les jours.
Ces deux exemples sont de Molière.