Le pantoum (1/2)
Le pantoum français dérive du « pantun berkait » malais. Victor Hugo (toujours lui) est le premier à en parler en 1828, dans une note de ses Orientales.
Définition
En 1871 dans son Petit traité de la Poésie française, Théodore de Banville en donne la définition suivante :
« Le pantoum s’écrit en strophes de quatre vers. Le mécanisme en est bien simple. Il consiste en ceci, que le second vers de chacune des strophes devient le premier vers de la strophe suivante, et que le quatrième vers de chaque strophe devient le troisième vers de la strophe suivante. De plus, le premier vers du poëme, qui commence la première strophe, reparaît à la fin comme dernier vers du poëme, terminant la dernière strophe.
[…] La règle absolue et inévitable du Pantoum […] veut que, du commencement à la fin du poëme, DEUX SENS soient poursuivis parallèlement, c'est-à-dire UN SENS dans les deux premiers vers de chaque strophe, et UN AUTRE SENS dans les deux derniers vers de chaque strophe. […] Oui, en apparence, les deux sens qui se poursuivent parallèlement dans le Pantoum, doivent être absolument différents l’un de l’autre ; mais cependant ils se mêlent, se répondent, se complètent et se pénètrent l’un l’autre, par de délicats et insensibles rapports de sentiment et d’harmonie. »
Curieusement, Banville ne parle pas de la métrique qui, selon l'usage déjà répandu du pantoum en 1871, n'accepte que les octosyllabes ou les décasyllabes (qu’il a lui-même exclusivement pratiqués !).
En résumé, le pantoum « classique », normalisé par Banville se caractérise par :
- L’enlacement des vers : les vers 1 et 3 de chaque quatrain reprennent les vers 2 et 4 du précédent ;
- Les rimes : elles sont croisées ;
- La métrique : les vers ont 8 ou 10 pieds ;
- La reprise : le dernier vers du poème est identique au premier.
- L’enlacement sémantique : deux sens se déroulent en parallèle dans les deux premiers et les deux derniers vers de chaque strophe.
Remarques :
- Le nombre de quatrains doit être pair pour que le dernier vers du poème puisse reprendre le premier ;
- Pour les matheux : le nombre de vers différents (V) est lié au nombre de quatrains (Q) par la formule : V = 2Q + 1 ;
- Notons enfin que la reprise du premier vers à la fin du poème déroge forcément au principe de l’enlacement sémantique.
Aux lecteurs qui voudraient approfondir le sujet, je recommande vivement le livre de Jacques Jouet, Échelle et papillons qui retrace l'histoire du pantoum avec de nombreux exemples et, de ce fait, constitue une anthologie très complète de cette forme fixe.