L'élision

Elle concerne la voyelle e. On en parle souvent comme de la règle de l'e muet.

Dans le corps des mots
Si l'e est compris entre deux consonnes, la syllabe est comptée :
Qui remuait le monde aux pas de l'empereur Si l'e suit une voyelle, il est considéré comme un simple allongement de la syllabe précédente : reni(e)ment ; pai(e)ra ; pri(e)ront
Dans le vers, à la fin des mots
Pour simplifier la suite de l'exposé, appelons :
- finale forte, la finale : consonne + e : âme, seule ;
- finale faible, la finale : voyelle + e : amie, esseulée.
Au singulier La finale forte ne s'élide pas devant une consonne ou une h aspirée ; elle s'élide devant une voyelle ou une h muette :
Hénoch dit : Il faut fair(e) un(e) enceinte de tours. Quant à la finale faible, on ne peut tout simplement pas l'utiliser devant une consonne ou une h aspirée : des expressions comme : "une amie d'enfance, Marie-Madeleine" ou encore "la vie chère" sont proscrites.
La finale faible doit toujours être suivie d'une voyelle

ou d'une h muette devant laquelle l'e s'élide :
S'était couché(e) aux pieds de Booz, le sein nu, Au pluriel Rappelons que la finale prend la forme es (substantifs et adjectifs) ou ent (verbes).
À cause de la terminaison, il ne peut pas y avoir élision.
La finale forte donne lieu à une liaison (prononcée -z- ou -t-) devant une voyelle ou une h muette :
Et qui tâchent_en vain d'exprimer leur tourment Les mots avec finale faible au pluriel – du fait de cette élision impossible – ne peuvent donc jamais figurer dans le corps du vers (années, prient).
On excepte de cette dernière règle les imparfaits et les conditionnels en aient auxquels s'ajoutent les verbes : aient et soient et, éventuellement, voient et croient :
Deux faunes soutenaient le manteau d'Arlequin ;
Trois marquis attablés chantaient une chanson.
Ô frères, que vos noms soient mêlés à nos noms !

À la fin des vers
Toutes les finales, fortes ou faibles, au singulier ou au pluriel, s'élident :
La nature mêlait un peu de sa musiqu(e)
Chacun se dispersa sous les profonds feuillag(es) ;
La nuit vint ; tout se tut ; les flambeaux s'éteignir(ent) ;
L'homme n'est qu'un atome en cette ombre infini(e)
Dans vos cieux, au-delà de la sphère des nu(es),
Puisque ces choses sont, c'est qu'il faut qu'elles soi(ent).