Introduction à la poésie néoclassique
Redoutable tâche que celle de définir la poésie néo-classique ! Et, à mon avis, vouée à l’échec : je ne m’y risquerai donc pas !
Pourquoi cela ? Parce qu’aujourd’hui, de l'avis général, la poésie néoclassique prend autant de formes qu’il y a de poètes qui la pratiquent.
J'ai lu sur Internet : « la poésie néoclassique n’est pas issue d’un mouvement ou d’une école. Elle est née dans les concours littéraires ». Cette affirmation est probablement exacte, mais en donne une image peu flatteuse. Je suis convaincu qu'il suffirait de peu, non pas pour en faire un genre poétique distinct, mais du moins pour lui trouver une place reconnue dans le giron de la poésie classique…
La section « Néoclassique » des concours de poésie est souvent définie de manière succinte, comme ceci :
« Contrairement à la poésie classique : – Libéralité en matière de rimes (exemple : singulier/pluriel) – Hiatus admis – Césure non obligatoire – Adaptation intel-ligente des synérèses et diérèses ».
Cette définition laisse une grande liberté au poète, ce qui est normal, mais ne lui permet pas de savoir à partir de quel moment, tout en restant dans le « néo », il est sorti du « classique » !
Disons que la poésie néoclassique se trouve à l'heure actuelle dans la situation où était la poésie classique au temps de Malherbes : elle attend son Boileau !
(à mon avis, mieux vaut l'attendre encore longtemps !)
La poésie classique en effet se définit par un ensemble de règles qui déterminent sans ambiguïté la forme des textes qui s’y réfèrent. Elles ont été formalisées par Nicolas Boileau en 1674 dans son Art poétique et constituent « un résumé de la doctrine classique telle qu’elle avait été élaborée en France dans la première moitié du siècle » (Pierre Clarac). Même si l’on tient compte de l’assouplissement dont elles ont bénéficié au XIXe siècle avec les Romantiques, les Parnassiens, Victor Hugo et Théodore de Banville, ce sont toujours les mêmes règles qui régissent la poésie classique actuelle.
Comme je l'ai dit, je ne me risquerai pas à définir la poésie néoclassique. Mais je vais essayer de montrer comment elle s'inscrit fermement dans les deux grands principes de la poésie classique :
- la métrique ;
- la rime ;
et d'analyser dans quelle mesure elle s’en écarte par l'abandon différencié – selon les poètes – de certaines des règles classiques qui ne correspondent plus à la langue d’aujourd’hui.