La césure
L'accent tonique
En français, l'accent tonique se place sur la dernière syllabe accentuée (c-à-d ne se terminant pas par un e) des mots ou des groupes de mots formant une unité grammaticale. Il se traduit par une élévation de la voix sur cette syllabe. Il est suivi d'une coupe (notée / ) :
Il vit un œil/tout grand ouvert/dans les ténèbres
La césure
L'alexandrin classique possède deux accents fixes : un à la rime et un sur la sixième syllabe, suivi d'une coupe traduisant une pause plus ou moins marquée dans la diction. Cette coupe (notée // ) est la césure ; elle sépare l'alexandrin en deux hémistiches :
Il n'avait pas/d'enfer//dans le feu/de sa forge.
Cette sixème syllabe doit être fortement accentuée, il ne peut donc pas s'agir d'un e suivi d'une consonne :
Règle : à la césure, l'e doit obligatoirement être suivi d'une voyelle et s'élider :
Il n'avait pas/de fang(e)//en l'eau/de son moulin ;
Corollaire : les pluriels, en es ou en ent ne peuvent pas figurer à la césure ; exemple : nombres, résistent.
Excepté, bien sûr, les finales en aient et en oient :
Les fem/mes regardaient//Booz/plus qu'un jeune homme
Remarque sur la césure :
Avant la Renaissance, trois autres types de césure avaient cours :
1) La césure épique avec élision du e à la césure bien que suivi d'une consonne :
La voix du père grond(e), fini de flemmarder
2) La césure lyrique : le premier hémistiche se termine par un e non élidé en 6ème position :
Sous sa plume naissent// les lilas, les arbustes,
3) La césure enjambante (dite "italienne") : le premier hémistiche se termine par un e non élidé en 7ème position, la dernière syllabe du mot concerné est alors reportée sur le deuxième hémistiche :
Crois-moi ! Crois-moi ! Ton â//me n'est pas éternelle !
Ces trois césures, proscrites en poésie classique, ont reparu à la fin du XIXe siècle, notamment avec Rimbaud et Verlaine (cf. page suivante).
Les accents mobiles
Il y a, outre les deux accents fixes, des accents mobiles, en général deux :
Cet hom/me marchait pur//loin des sentiers/obliques,
Cet2om/me mar4hait pur/loin des 4entiers/obli2ues,
Vêtu/de probité//candide/et de lin blanc ;
V2tu/de p4obité//ca2dide/et de l4n blanc ;
Parfois un seul :
La respiration//de Booz/qui dormait
La resp6ration//de 3ooz/qui d3rmait
Parfois trois (voire quatre) :
Des eaux,/des monts,/des bois,//de la terre/et des cieux.
Des 2aux,/des 2onts,/des 2ois,//de la 3erre/et de3 cieux