La qualité de la rime
Définition : la rime est l'homophonie de la voyelle (ou de la diphtongue) finale et des éléments sonores qui la suivent.
La richesse de la rime
Le tableau suivant résume les différents cas de figure :
Richesse | Syllabe finale | R. masculine | R. féminine | |
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Rime pauvre | 1. | voyelle (+e muet) |
parlé/jeté précis/délits |
joue/roue joies/voies |
Rime suffisante | 2. | voy + cons |
soleil/vermeil pur/azur |
boule/roule sages/mages |
3. | cons + voy (+e) |
rendu/ardu poser/baiser |
rendue/ardue Élysée/croisée |
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Rime riche | 4. | cons + voy + cons |
verts/travers le soir/s'asseoir |
pire/empire ivresse/caresse |
5. | 2 cons + voy (+e) |
blés/troublés cyprès/tout près |
sacrées/ancrées flétrie/patrie |
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6. | voy + 2 cons |
est/lest impact/contact |
mornes/bornes astre/pilastre |
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7. | voy + voy (+e) |
néant/géant nati-on/régi-on |
nuées/obstruées inouïes/éblouies |
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Rime très riche | 8. | V + C + V (+e) |
palais/valets étendu/répandu |
parée/effarée abattue/statue |
Cas 1 : Pas d'élément sonore après la voyelle finale.
Cas 3, 4 et 5 : La consonne qui précède la voyelle finale est dite consonne d'appui.
Cas 6 & 7 : Seuls cas de rime riche sans consonne d'appui.
La consonne d'appui
Il existe des équivalences de consonnes d'appui :
b/p : botte/capote —
ch/j : chance/indulgence
d/t : prodige/vertige —
k/gu : clinquant/élégant
f/v : enfin/divin —
n/gn : matinaux/agneaux
s/z/x : berceau/roseau
Les écueils à éviter
Toute rime trop facile est médiocre, la rareté de la rime en fait la valeur. C'est pourquoi il est recommandé d'éviter :
- les terminaisons identiques : admiration/hésitation,
- les suffixes identiques : clairement/sincèrement,
- les mots de même racine : rire/sourire,
- les rimes attendues : larmes/alarmes.
Il faut en outre s'abstenir de faire rimer ensemble :
- les sons longs et les sons brefs : grâce/cuirasse,
- les sons ouverts et les sons fermés : rôle/parole.
Attention à la rime trop riche qui frise le calembour et qui trouve son aboutissement dans les vers holorimes (cf. ici). Le plus bel exemple d'holorime, dont la poésie n'est pas exclue, est dû à Louise de Vilmorin :
Étonnamment monotone et lasse
Est ton âme en mon automne, hélas !
(on lui pardonnera volontiers de n'avoir pas respecté le genre ni le pluriel des rimes ).