Le rondel (1/2)

Un point de vocabulaire
Il n'est pas toujours aisé de se retrouver dans les différentes formes et appellations du rondel et du rondeau. En effet le vocabulaire les désignant n'était pas très arrêté au départ, de plus il a évolué au cours des siècles.

Je réserverai le nom de rondel aux deux seules formes qui ont existé jusqu'à la fin du XVe siècle et celui de rondeau aux deux formes nouvelles qui sont apparues à cette époque.

1. Le rondel simple ou triolet
Il apparaît au XIIIe siècle et est rebaptisé triolet à la fin du XVIe siècle. Par sa légèreté, il convient au genre satirique ou gracieux.
Il est composé de huit octosyllabes sur deux rimes ; le premier vers se retrouve en quatrième et septième positions, le second en huitième position. Le schéma est donc le suivant : ABaA,abAB.
Il peut être composé de deux quatrains ou bien fait d'un seul tenant, formant un huitain ; on l'appelle alors triolet continu.

Voici deux exemples, dus à Saint-Amant (1594-1661) et à Théodore de Banville (1823-1891) :

Pour construire un bon Triolet,
Il faut observer ces trois choses,
Sçavoir, que l'air en soit folet,
Pour construire un bon Triolet ;
Qu'il rentre bien dans le rolet,
Et qu'il tombe au vray lieu des poses;
Pour construire un bon Triolet,
Il faut observer ces trois choses.

Marc-Antoine-Girard de Saint-Amant,
Les nobles Triolets, 1649.

Triolet, à Philis

Si j'étais le Zéphyr ailé,
J'irais mourir sur votre bouche.
Ces voiles, j'en aurais la clé
Si j'étais le Zéphyr ailé.
Près des seins pour qui je brûlai
Je me glisserais dans la couche.
Si j'étais le Zéphyr ailé,
J'irais mourir sur votre bouche.

Théodore de Banville, Les Cariatides, 1842

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