L'alexandrin

L'alexandrin est le vers fondamental de la poésie classique française. C'est un dodécasyllabe, c'est-à-dire qu'il comporte douze syllabes, appelées également improprement "pieds".
Il tire son nom du Roman d’Alexandre, œuvre du XIIe siècle. Jusqu'au XVIe siècle il reste rare, le vers héroïque étant le décasyllabe. Il est réellement lancé par la Pléiade : Jean-Antoine de Baïf et Pierre de Ronsard l'imposent avec l'ode et le sonnet. Après la poésie, le théâtre l'adopte : il devient le vers cardinal au XVIIe siècle.

L'alexandrin possède tous les avantages que possèdent les autres vers sans aucun de leurs inconvénients :
Assez long pour correspondre à la durée de l'expiration, il est assez court pour ne pas se diviser en parties qui pourraient être prises pour des vers complets.
Divisible par deux, par trois et par quatre, et sa moitié encore par deux et par trois, il est susceptible d'une grande variété de rythmes, que l'oreille peut toujours saisir sans effort et permet un grand nombre d’effets variés dans le jeu des accents mobiles.

C'est pourquoi il est prédominant dans la plupart des genres poétiques.

Qelques exemples :

Poésie épique : Ils se battent – combat terrible ! – corps à corps.
Voilà déjà longtemps que leurs chevaux sont morts ;
Poésie lyrique : J'entends, quand je suis seul avec cette nature,
Mon âme qui lui dit tout bas son aventure ;
Élégie : Maintenant que du deuil qui m'a fait l'âme obscure
Je sors, pâle et vainqueur,
Et que je sens la paix de la grande nature
Qui m'entre dans le cœur ;
Poésie satyrique : Victoire ! il était temps, prince, que tu parusses !
Les filles d’opéra manquaient de princes russes ;
Poésie didactique : « Tirons de chaque objet ce qu'il a de meilleur,
La chaleur de la flamme,
Le vin du raisin mûr, le parfum de la fleur,
Et l'amour de la femme !